Les pesticides seraient jusqu’à 1000 fois plus toxiques que ce qu’on dit

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Le professeur Gilles-Eric Séralini revient à la charge. Après avoir étudié les effets délétères d’un OGM et du Roundup, un pesticide largement utilisé, le chercheur s’attaque cette fois plus largement à neuf pesticides les plus vendus dans le monde qui seraient selon lui de 2 à 1 000 fois plus toxiques que ce qui est généralement annoncé.
L’étude controversée du professeur Gilles-Eric Séralini sur les effets d’un OGM et du pesticide Roundup sur des rats avait frappé les esprits en 2012. Appuyé par des photos des rongeurs déformés par des tumeurs impressionnantes, le travail du chercheur de l’université de Caen n’avait cependant pas convaincu l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) pas plus que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). La revue Food and chemical toxicology, qui avait à l’époque publié l’article du professeur Séralini, l’a retiré en novembre 2013. Le chercheur lie cette décision peu courante à l’arrivée dans le comité éditorial de Richard Goodman, « un biologiste qui a travaillé plusieurs années chez Monsanto », le fabricant du Roundup. 

Composants confidentiels
  
Cela n’a cependant pas entamé la détermination du professeur Séralini qui vient de publier le prolongement de cette première étude dans la revue Biomed Research International.
Co-signé avec le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique(Criigen). « Nous avons étendu les travaux que nous avions faits avec le Roundup et montré que les produits tels qu’ils étaient vendus aux jardiniers, aux agriculteurs, étaient de 2 à 1 000 fois plus toxiques que les principes actifs qui sont les seuls à être testés in vivo à moyen et long terme » précise le professeur. 

Effectivement, avant leur mise sur le marché, seuls les effets de la substance active sont évalués et non le produit tel qu’il est commercialisé au final avec tous les composants que les industriels, la plupart du temps, refusent de dévoiler. « Il y a méprise sur la réelle toxicité des pesticides » poursuit M. Séralini qui explique qu’il y a toxicité « quand les cellules commencent à se suicider » au contact du produit et « qu’elles meurent en quantités beaucoup plus significatives que les cellules contrôles ». 
L’étude qui vient d’être publiée a porté sur les 9 pesticides les plus vendus dans le monde : trois herbicides (Roundup, Matin E1, Starane 200), trois insecticides (Pirimor G, Confidor, Polysect Ultra) et trois fongicides (Maronee, Opus, Eyetak).
Chaque produit a été testé in vitro sur des cellules humaines.

Présomption forte
Au final, les chercheurs concluent que sur les 9 pesticides, « 8 formulations sont clairement en moyenne des centaines de fois plus toxiques que leur principe actif ». Ils insistent sur le rôle des additifs qui « sont souvent gardés confidentiels et sont déclarés comme étant inertes par les fabricants ».
Ils soulignent également à propos du Roundup, pourvu disent-ils, d’une réputation de relative bénignité, « que ce produit s’est révélé, et de loin, le plus toxique parmi tous les herbicides et insecticides testés ».   
Ce constat, s’il est vérifié, devrait interpeller les pouvoirs publics et les organismes qui déterminent la dose journalière admissiblepour les pesticides parce que celle-ci est calculée à partir de la toxicité des seuls principes actifs des produits en question. Ce que met en lumière le travail de l’équipe du professeur Séralini pourrait inciter à aller voir un peu loin en intégrant tous les composants dans les tests limités jusque-là aux seules substances actives.
C’est en tout cas ce que demande l’ONG Générations futures qui déplorait lors d’un récent colloque à l’Assemblée nationale sur les pesticides « une sous-estimation des risques» due notamment à ces tests insuffisants. 
Alors que les impacts sanitaires des pesticides sont de plus mis en avant par les scientifiques, 1 200 médecins viennent de rendre public un appel mettant en garde sur les risques posés par beaucoup de ces produits.
Une vaste expertise collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publiée au printemps 2013 est venue renforcer les craintes qui se multiplient envers les pesticides. L’Inserm concluait alors avoir «une présomption forte » entre l’usage des pesticides par des professionnels (agriculteurs, personnels des fabricants ou chargés des espaces verts) et plusieurs pathologies.  

RFI par Claire Arsenault

Publié le 16 février 2014, dans Aurélie Mutel. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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