DLC-DLUO et gaspillage alimentaire
La confusion autour des dates de péremption incite au gaspillage alimentaire
Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le Cese préconise de supprimer la DLUO sur certains produits comme les pâtes, le sucre, les conserves ou les biscuits.
Crédit photo: Jean-Christophe Marmara / Le Figaro
Le Conseil économique et social préconise, dans un avis qui doit être adopté ce mardi, de supprimer la date limite d’utilisation optimale (DLUO) sur les produits alimentaires pour ne conserver que la date limite de consommation (DLC).
«Favoriser l’accès pour tous à une alimentation de qualité, saine et équilibrée». L’intitulé du projet d’avis qui doit être adopté ce mardi par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) est très ambitieux. À l’image de la liste d’«enjeux» qui, selon l’institution, doivent devenir des «priorités» pour les pouvoirs publics. Outre les questions sanitaires (sécurité alimentaire, équilibre nutritionnel) et sociétales (accessibilité pour les populations à faibles revenus, qualité gustative), l’institution s’alarme de l’ampleur du gaspillage «à tous les stades de la chaîne alimentaire» en France, qui «devient de moins en moins supportable» alors qu’en parallèle «3,5 millions de Français bénéficient de l’aide alimentaire».
Les chiffres donnent le vertige, en effet. Chaque Français jette en moyenne plus de 20 kilos de nourriture par an, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Parmi ces aliments, 7 kilos seraient des produits encore emballés! Un gâchis qui représente une perte de 400 euros par foyer chaque année. Le gouvernement a lancé l’an dernier un plan visant à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici à 2025. Le Cese, de son côté, estime qu’une amélioration de l’étiquetage des denrées alimentaires – en particulier sur les dates de péremption – serait déjà un levier efficace contre le gaspillage.
Aujourd’hui, deux catégories de dates figurent sur les emballages. La date limite de consommation (DLC), d’un côté, figure sur les denrées alimentaires périssables préemballées pouvant, après une courte période, présenter un danger immédiat pour la santé. Au-delà de cette date, laissée à l’appréciation du fabricant sauf pour quelques produits où la réglementation sanitaire s’impose, la commercialisation des denrées considérées est interdite et sanctionnée pénalement. La date limite d’utilisation optimale (DLUO), quant à elle, est une date indicative qui est librement déterminée par le fabricant sur les denrées préemballées (pâtes, sucre, conserves, biscuits secs, etc.). Une fois la date passée, le produit reste propre à la consommation même si certaines de ses qualités spécifiques (goût, saveur, odeur…) peuvent être altérées et ce sans constituer un danger pour celui qui les absorberait.
«Lever toute ambiguïté»
«DLC et DLUO sont souvent confondues par le consommateur, ce qui conduit en particulier à un gaspillage alimentaire très regrettable», déplore le Cese dans son projet d’avis. En clair, les Français expédient régulièrement à la poubelle des produits qu’ils croient périmés sur la base de la DLUO figurant sur l’emballage. Dans une récente enquête, l’association de consommateurs CLCV a ainsi démontré que plus de 43 % des sondés déclarent jeter une boîte de raviolis en conserve lorsque la date est dépassée de trois semaines, et 30 % pensent même qu’il y a un risque d’intoxication. À l’inverse, plus de 80% d’entre eux mangent un yaourt nature dont la date limite de consommation (DLC) est dépassée de trois jours!
Il s’agirait de ne retenir que la DLC pour les produits qui le justifient
Projet d’avis du Cese
Dans le cadre du plan gouvernemental, le remplacement systématique de la mention DLUO par «À consommer de préférence avant » est d’ores et déjà prévu d’ici à décembre 2014. Mais, selon le Cese, il faut aller plus loin «pour lever toute ambiguïté». Son avis préconise la suppression pure et simple de la DLUO. «Il s’agirait de ne retenir que la DLC pour les produits qui le justifient.» Dans ce cas, toutefois, le Cese appelle aussi à faire un grand ménage dans les normes fixées pour les produits périssables. Ses experts saluent notamment la loi adoptée en juin dernier sur la «qualité de l’offre alimentaire en outre-mer», qui a mis fin à la «situation anormale» de double DLC entre la métropole et l’outre-mer. Par exemple, les yaourts commercialisés dans les régions ultramarines mentionnaient une DLC prolongée de 30 jours par rapport à ceux, identiques, vendus sur dans l’Hexagone. Quelque 300 produits frais étaient concernés par ce système de date limite différenciée.
Reste un obstacle de taille à la suppression de la DLUO: la réglementation européenne qui, dans la directive du 20 mars 2000, impose deux types de dates limite sur nos produits alimentaires.
LeFigaro.fr (Mis à jour le 28/01/2014 à 23:11)
Publié le 31 janvier 2014, dans Aurélie Mutel. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
Poster un commentaire
Comments 0